Méschac Nakanywenge, debout devant une grande affiche indiquant "La richesse de notre pays c'est la nature".

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Méschac Nakanywenge, Union pour la Promotion, la Protection, la Défense des Droits de l'Homme et l'Environnement / RDC 

Je suis Méschac Nakanywenge, coordinateur de l'UPDDHE, qui est l'Union pour la Promotion ou la Protection, la Défense des Droits de l'Homme et de l'Environnement créée en 2010 et démarrée les activités proprement dites en 2013. Notre siège est à l'Est de la République Démocratique du Congo dans la ville de Goma, province du Nord Tibou.

Pour faire partie du monde humanitaire, il faut une certaine expérience. L'expérience que nous avions, qui m'avait le plus aidé, était un projet soutenu par le Start Network, où j'avais suivi une formation. Pendant les neuf mois, j'ai suivi une formation en gestion et leadership où j'ai appris sur le monde humanitaire, comment rendre des comptes aux communautés bénéficiaires et comment mieux faire ce travail. Je suis tellement reconnaissante et même notre organisation a bénéficié des aides à la formation. À ce jour, il reste un atout que nous ne pourrons jamais oublier.

Pour la RDC, ces formations ne sont pas ouvertes à tout le monde car il n'y a pas de budget de l'Etat ou de structure étatique qui s'en occupe pour nous aider à mener une action humanitaire. Il appartient à chacun de se concentrer sur sa vision et à chacun de trouver les opportunités qui s'offrent à lui pour s'immerger dans le monde humanitaire.

C'est grâce à Start Network que j'ai appris l'existence de la Charte du Changement. Et j'ai depuis intégré la Charte pour le changement [dans notre travail]. Lorsque nous l'avons lancé en RDC, les gens étaient venus aux réunions de la Charte pour le changement en pensant que nous avions reçu un financement d'un partenaire, et après trois des quatre réunions, il n'y avait plus de financement. Beaucoup se sont désolidarisés de cette initiative [en attendant] de voir si les huit engagements de la Charte pour le changement étaient respectés. Chaque jour, je continue de partager avec les réseaux sociaux. Quand nous nous sommes découragés parce que nous sommes restés deux ans, trois ans, quatre ans sans financement, je demande de la persévérance. Car que signifie l'humanitaire ? Le travail humanitaire n'est pas une entreprise, mais le travail humanitaire consiste à aider une personne dans une situation dangereuse et vulnérable.

[Un représentant] de Start Network est venu ici à Goma en 2018 et 2019. Ils ont organisé des ateliers et nous avons participé à plusieurs activités. En particulier, nous avons réalisé un rapport sur le danger pour nous les habitants de Goma et l'aspect volcan, comment éviter que les gens ne soient en danger s'il y a une éruption volcanique, et quelles sont les stratégies que nous pouvons développer pour alerter les populations locales à temps .

Je suis reconnaissant au Start Network et j'ai déjà participé à cinq jurys de sélection de projets lorsque les organisations membres de ce réseau interviennent en RDC pour une intervention d'urgence. J'ai déjà présidé plus de trois panels et plus de cinq fois j'ai participé et même participé à d'autres panels. L'objectif est de promouvoir les capacités locales et de mettre davantage l'accent sur les affaires locales.

Nous qui sommes nés dans cette région de l'est de la RDC avons vu comment les guerres ont commencé depuis 1995, nous avons vu les défis auxquels nos communautés ont été confrontées. Parfois on fait face à de terribles difficultés, parfois on arrive dans des zones où on n'a pas accès à la communication, vous n'avez pas accès aux infrastructures routières vous êtes obligés de marcher sous la pluie dans des situations où vous traversez des groupes armés sans morale , sans instructions et sans esprit, mais vous vous dites que vous venez aider quelqu'un qui est en difficulté.

Notre État est axé sur la politique, mais peu d'importance est accordée à l'aspect humanitaire, donc nous nous retrouvons dans une situation où nous n'avons pas de partenaires qui nous financent. On se dit qu'on peut le faire par nous-mêmes, avec nos propres initiatives, et c'est quand ça va mal et que d'autres disent qu'il faut chercher un travail ailleurs qu'on résiste et qu'on aide quelqu'un qui est en difficulté. C'est le verdict.

Cet article est basé sur une interview réalisée par A Good Day in Africa. Écoutez l'intégralité de l'interview ci-dessous.

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