Créer et Construire le Carrefour RDC à partir de la base

Gang Karume est natif de la République Démocratique du Congo (RDC) et a travaillé pendant plus de 12 ans, entre 1998 et 2009, comme Coordinateur des opérations dans l’équipe globale d’urgence d’International Rescue Committee (IRC). Ici, nous parlons…

Published:

Time to read: 5 minutes

Regions:
Area of work:

Lisez cette interview en anglais.

Gang Karume est natif de la République Démocratique du Congo (RDC) et a travaillé pendant plus de 12 ans, entre 1998 et 2009, comme Coordinateur des opérations dans l’équipe globale d’urgence d’International Rescue Committee (IRC). Ce travail a impliqué de nombreux voyages sur le continent africain à établir de nouveaux bureaux ou couvrir temporairement pour des postes de commandement. Il a décidé de rejoindre REBUILD HOPE FOR AFRICA (RHA) en 2010 et, pour lui, c’était une bonne opportunité de servir ses compatriotes au pays. Il y a 11 ans de cela. Avec le temps, l’organisation a grandi avec une présence active dans six provinces de la RDC. RHA répond à un paquet très varié de besoins à travers des projets de cash direct inconditionnel, de distribution d’articles ménagers essentiels et abris (AME/Abris) et protection au Sud-Kivu ; Eau, Hygiène et Assainissement au Maniema ; protection à Kinshasa ; santé par le suivi de distribution des moustiquaires imprégnées en Equateur…

Ici, nous parlons avec Gang sur comment il s’est engagé avec Start Network et sa vision de l’action humanitaire en RDC. 

Comment avez-vous entendu parlé de Start Network pour la première fois ?

Mon premier contact avec Start Network a été au travers du programme DEPP qui finançait le projet ’’Shifting The Power’’en 2015. Bien que nous, RHA, n’avions jamais été bénéficiaire de ce projet, nous y avions trouvé un intérêt évident pour les ONGs nationales, investi notre temps et argent pour participer bénévolement aux ateliers que CAFOD organisait, en grande partie à Goma. Après, nous étions invités, via CAFOD, aux conférences à Nairobi, à Genève et à Manilla comme Start Network s’intéressait de plus en plus à notre travail. Nous avons été invité au Sommet Mondial de l’Humanitaire au mois de Mai 2016 à Istanbul, Turquie. C’est là que notre connexion véritable a commencé avec Start Network. La RDC est maintenant l’un des 5 carrefours (hubs) sélectionnés par Start Network. Yves Gunzi de CAFOD et moi avons été des artisans de premier plan dans le développement du carrefour RDC. Bien que nous avions des emplois à temps pleins avec nos organisations respectives, nous avons investi beaucoup de temps et d’énergie dans le développement du plan d’affaire pour la RDC. Maintenant que ce plan a été approuvé, nous devons avancer et le premier travail est de mettre en place un comité de gestion pour le développement du carrefour. C’est là que nous sommes maintenant. 

 

Quelle a été la plus grande leçon dans le développement du plan d’affaire ?

‘’Que c’est possible d’avoir une initiative qui n’est pas dirigé par le Nord. C’est la première fois que chaque étape du processus a été notre décision et réflexion. C’est notre création. Start Network n’interfère pas mais plutôt, est là pour motiver les réflexions. ’’

 

Et quels ont été les plus grands défis ?

L’un des plus grands défis à moyen terme viendra des acteurs locaux qui voudront accéder aux financements via le Carrefour RDC. Les gens sont habitués aux mécanismes de financement du Fonds Humanitaire et autres similaires (ECHO, USAID, SIDA…) qui sont activés par des appels à projets et auxquels ils répondent. A ce point, nombreuses organisations ne sont pas encore intéressées au Carrefour RDC car il n’y a aucune visibilité de financement. Dès les premiers financements, elles seront très nombreuses à manifester leur intérêt et commenceront à remettre en cause tous le efforts investis en questionnant le choix des ONGs nationales bénéficiaires des financements, l’appartenance à Start Network…Et les défis ne se limiteront pas seulement à l’argent. Il y a aura aussi les problèmes de réseautage avec d’autres carrefours qui résisteront que l’on fasse un seul corps et d’expertises au sein du carrefour.

Le second défi sera de faire comprendre au gouvernement congolais sa responsabilité de premier financier du carrefour RDC pour répondre aux crises humanitaires plutôt que de dépendre des fonds extérieurs. Les bonnes intentions ne suffisent plus mais il faudrait maintenant des actions concrètes.

Et finalement, il y aura le défi de dissémination de l’information sur ce qu’est le Carrefour RDC et ce qu’il fait. Sur le terrain, ils sont peu nombreux les Directeurs Nationaux des ONGs internationales qui connaissent le Carrefour RDC, d’où il vient, où il est et où il va. Et ils sont encore très peu nombreux ceux qui s’y intéressent et travaillent pour sa promotion.

Il y a 75 organisations nationales membres de notre Carrefour RDC. Et de nombreuses organisations internationales sont déjà membres actifs comme CAFOD, TROCAIRE, ACTION AID et CHRISTIAN AID. Maintenant, nous devons nous organiser, nous rassurer que tous les acteurs, le gouvernement et en particulier, le ministère des Affaires Humanitaires et les ONGs potentielles comprennent ce qui est attendu d’eux et comment le carrefour fonctionnera.

 

Qu’aimeriez-vous voir dans les 5 prochaines années ?

Ma vision serait un seul regroupement (Carrefour RDC) qui parle d’une seule voix au compte des organisations humanitaires (nationales et internationales) en RDC ; un carrefour qui travaille en étroite collaboration avec le gouvernement congolais qui finance le travail humanitaire. Le carrefour RDC sera là pour servir de ponts entre le gouvernement de la RDC, les agences internationales et les acteurs humanitaires. Un carrefour qui compte fondamentalement sur les ressources nationales en termes de financement et ne pourrait recourir aux interventions extérieures seulement pour des catastrophes imprévues de grande ampleur.  

 

En savoir plus sur les Carrefours.

En savoir plus sur le Carrefour RD Congo.